La Banque mondiale met en garde contre une décennie perdue pour l'économie mondiale

La Banque mondiale met en garde contre une décennie perdue pour l’économie mondiale

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La Banque mondiale prévoit que l’économie mondiale sera confrontée à une “décennie perdue” en raison de divers facteurs tels que la démographie, les guerres en cours et les effets durables de la pandémie de COVID-19, qui entraveront tous la croissance économique.

Au cours de l’année écoulée, les gouvernements du monde entier ont mis en place des incitations fiscales, des subventions et de nouvelles réglementations pour stimuler l’investissement, lutter contre le changement climatique et développer leurs marchés du travail. Toutefois, ces efforts pourraient ne pas être suffisants.

La Banque mondiale met en garde contre le risque d’une “décennie perdue” pour la croissance économique mondiale en raison de plusieurs facteurs, notamment la pandémie de grippe aviaire, l’inflation élevée et la guerre en Ukraine. Selon le prêteur international basé à Washington, D.C., ces défis aggravent les problèmes structurels existants et nécessiteront un effort politique collectif important pour ramener la croissance aux niveaux observés au cours de la décennie précédente. Les trois principaux facteurs contribuant au ralentissement des progrès économiques sont le déclin de

  • la main-d’œuvre,
  • la réduction des investissements,
  • la baisse de la productivité.

Le retour de la croissance au cours de la prochaine décennie à la moyenne de la précédente nécessiterait un effort collectif herculéen en matière de politique.

Selon la Banque mondiale, le taux de croissance potentiel était de 3,5 % entre 2000 et 2010, mais il est tombé à une moyenne de 2,6 % par an entre 2011 et 2021. Il devrait encore baisser à 2,2 % par an entre 2022 et 2030. Les facteurs démographiques sont responsables d’environ la moitié de ce ralentissement.

La récente mise en garde de la Banque mondiale concernant l’économie mondiale coïncide avec l’adoption par les États-Unis de la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), qui prévoit d’importants financements et incitants en faveur des énergies propres, ainsi qu’une loi visant à accroître les investissements dans les semi-conducteurs. En réponse, l’Union européenne assouplit ses règles en matière d’allègements fiscaux et autres avantages accordés par les gouvernements aux entreprises de technologies propres. Dans le même temps, les grandes économies sont aux prises avec le déclin de la main-d’œuvre et tentent d’en augmenter le nombre, en se heurtant souvent à une forte résistance. En France, des manifestations ont éclaté en réponse à la réforme des retraites du président Emmanuel Macron, tandis qu’en Chine, la diminution de la population a incité les gouvernements locaux à offrir des récompenses en espèces et des congés de maternité plus longs afin d’encourager les naissances.

des manifestations ont éclaté en réponse à la réforme des retraites du président Emmanuel Macron

Les efforts actuels pour stimuler l’économie mondiale pourraient ne pas suffire, selon le rapport de la Banque mondiale, et la faiblesse de la croissance pourrait être exacerbée en cas de crise financière dans les principales économies. Le rapport met également en garde contre la possibilité d’une récession mondiale. Cette mise en garde fait suite à la récente faillite de la Silicon Valley Bank, qui a provoqué des turbulences dans les secteurs bancaires des États-Unis et de l’Europe. Le rapport alimentera probablement les discussions sur les perspectives de croissance mondiale lors des prochaines réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui se tiendront à Washington, D.C., du 10 au 16 avril, parallèlement à l’éclosion des cerisiers en fleurs.

Des économistes, des responsables de banques centrales et des décideurs politiques se réuniront à Washington pour discuter d’une série de sujets tels que l’inflation, la fragmentation du commerce mondial, les chaînes d’approvisionnement, l’intelligence artificielle et le capital humain. Cette rencontre aura lieu lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui se tiendront du 10 au 16 avril. En début d’année, la Banque mondiale a révisé ses prévisions de croissance à court terme pour l’économie mondiale, invoquant la persistance d’une inflation élevée, qui accroît le risque d’une récession mondiale. La Banque prévoit un ralentissement de la croissance mondiale à 1,7 % en 2023. Toutefois, d’autres organisations telles que le Fonds monétaire international et le Peterson Institute for International Economics s’attendent à une expansion plus robuste de 2,9 % de la croissance du PIB mondial en 2023.

La Banque mondiale a déjà tiré la sonnette d’alarme sur la possibilité d’une décennie perdue. En 2021, la banque a averti que la pandémie de Covid-19 pourrait conduire à une décennie perdue en raison de la diminution du commerce et des investissements due à l’incertitude liée à la pandémie. Des avertissements similaires ont été émis après la crise financière de 2008. Entre 2009 et 2018, la croissance mondiale s’est établie en moyenne à 2,8 % par an, contre 3,5 % au cours de la décennie précédente.

Selon la Banque mondiale, plusieurs défis contribuent au déclin de la croissance mondiale. Il s’agit notamment:

  • de la faible croissance de la productivité,
  • de la faiblesse des investissements,
  • de l’impact des restrictions liées à la pandémie, telles que les tarifs douaniers et les fermetures d’écoles,
  • et d’autres facteurs.

La Banque mondiale suggère que des politiques favorables à la croissance pourraient être utiles. Elle recommande des mesures visant à accroître la participation des travailleurs découragés et des femmes à la population active afin de contrer la tendance négative de la croissance de la population active résultant du vieillissement de la population et de la baisse des taux de natalité.

Selon certains experts, l’avertissement de la Banque mondiale concernant la décennie perdue est peut-être trop pessimiste. Alors que le vieillissement de la population devrait avoir un impact négatif sur la croissance mondiale, Karen Dynan, économiste à l’université de Harvard, est plus optimiste quant à l’amélioration de la productivité. Elle estime qu’en dehors des facteurs démographiques, la production par travailleur devrait revenir aux niveaux d’avant la pandémie.

Adam Posen, président de l’Institut Peterson d’économie internationale

Adam Posen, président de l’Institut Peterson d’économie internationale, a pris acte de l’avertissement de la Banque mondiale concernant le risque d’une décennie perdue en Afrique subsaharienne, en Amérique centrale et en Asie du Sud. Il s’est dit préoccupé par le bien-être de millions de personnes qui pourraient être confrontées à des situations difficiles.

Selon Adam Posen, bien que l’on s’inquiète d’une décennie perdue dans certaines régions, comme l’Afrique subsaharienne, l’Amérique centrale et l’Asie du Sud, la plupart des grands marchés émergents et des pays du groupe des 20 enregistrent de bons résultats en termes de PIB mondial et de perspectives démographiques. Malgré les hausses importantes des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, l’Europe et les marchés émergents ont fait preuve de résilience économique ces dernières années, a ajouté M. Posen.

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